Alors que la plupart des enseignants et des apprenants de français langue étrangère connaissent le concept de valence verbale, rares sont leurs homologues dont la langue maternelle est le français qui en ont entendu parler. Ainsi, il n’est pas rare d’entendre des fautes dues à un mauvais emploi de cette valence :
*Le film ? Oui, je m’en rappelle . Impossible puisque l’on se rappelle quelque chose (qc). La forme exacte est donc : Je me le rappelle.
✦ Le film ? Oui, je m’en souviens. Exact, puisque l’on se souvient de quelque chose (qc).
On rencontre aussi des passifs mal venus. Pour pouvoir mettre un verbe au passif, il faut qu’il ait, à la voix active, un complément d’objet direct (C.O.D.) qui devienne sujet à la voix passive :
✦ Les cannibales ont mangé le missionnaire.
✦ Le missionnaire a été mangé par les cannibales.
Le C.O.D. missionnaire joue au passif le rôle de sujet.
Mais on rencontre aussi des tournures qui seraient impossibles si l’on appliquait les règles de la valence :
Le vendeur dit à la cliente :
Venez, je vais vous encaisser. On n’encaisse pas la cliente mais son argent. La cliente ne rentre pas dans la caisse.
Le médecin dit :
strong>* Le patient a été sédaté. Ce passif est impossible, puisqu’on ne sédate pas un patient : on lui administre un sédatif (C.O.D.). Donc, un sédatif (sujet) a été administré au patient.
Un autre médecin affirme :
* La patiente a été transfusée ce matin. Ceci est très étonnant, car on transfuse du sang, pas une patiente, qui ne rentre pas dans le mince tuyau de la transfusion. On lui transfuse (transfuser qc à qn) par exemple 250 ml de sang. 250 ml de sang lui ont été transfusés.
Ces tournures que l’on rencontre à tous les coins des hôpitaux ou des magasins s’emploient de plus en plus, ce qui ajoute à la confusion syntaxique. Tout le monde écrit sur les réseaux sociaux dans un français plus qu’approximatif, et même ceux qui ont une orthographe déplorable n’ont pas peur que l’on se moque d’eux.
Il faut dire que l’apprenant dans les écoles est confronté à toutes sortes de compléments et d’attributs qu’il n’arrive pas à identifier, d’autant plus qu’il n’a pas appris à le faire.
À quoi le reconnaît-on ? Voici quelques exemples pour vous permettre de réfléchir. Le complément souligné est-il un C.O.D., un C.O.Ind. (complément d’objet indirect) un complément circonstanciel, un attribut du sujet, un attribut du C.O.D. ?
Pour sensibiliser les apprenants aux problèmes d’identification des compléments, nous allons leur faire faire l’exercice suivant.
Mais avant, il faudra revoir avec eux ce qu’ils savent sur ces compléments et mettre les choses au point. Nous préciserons les choses plus tard grâce à l’emploi du concept de valence.
La connaissance de la valence verbale est très importante, car elle a des conséquences :
Si les apprenants ne sont pas en mesure d’identifier les compléments, ils ne pourront pas réagir correctement lorsqu’ils se trouveront dans l’un des cas énumérés plus haut.
Le livre Enseigner la Valence des verbes vient de sortir. il contient le texte complet de la grammaire de ce site et les activités et exercices pour les apprenants.
++ © Christian Meunier ++