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En savoir plus : Imparfait ou passé simple

Nous allons raisonner avec nos apprenants pour qu’ils apprennent à acquérir le bon angle de vision. Pour cela, nous partirons d’une règle restreinte, que nous élargirons à mesure que nous progresserons dans notre réflexion.

Lorsque nous aurons énoncé la règle générale, nous apprendrons à interpréter les situations les plus courantes en fonction de la règle générale.

Nous terminerons en rappelant les valeurs stylistiques et grammaticales du passé simple et surtout de l’imparfait, dont vous trouverez les détails dans l’unité 18.

La règle restreinte

 L’action A n'est pas finie quand B commence.

Nous allons partir d’un couple d’actions. Nous appellerons A l’action qui commence la première, et B celle qui commence la deuxième. Nous conserverons cette méthode tout au long de nos explications.


règle de base 1

Par exemple, nous allons demander à un parachutiste de sauter de l’avion, de tomber, et, bien sûr, d’ouvrir son parachute quand il le jugera utile.

D’abord il saute de l’avion en sortant par la porte ouverte.

Ensuite, il tombe comme une pierre. Au bout d’un moment, il décide d’ouvrir son parachute.

Nous aurons ainsi :

A = il tombait. B = Il ouvrit son parachute.

 L’action A est finie quand B commence.


règle de base 2

L’action A étant finie avant le début de l’action B, on la mettra au passé simple.

A = il tomba. B = Il ouvrit son parachute.

Dans ce cas, le parachutiste tombe, finit de tomber. C’est alors qu’il ouvre le parachute.

C’est facile à dire, mais qu’est-ce que cela signifie en réalité ?

S’il finit de tomber, c’est qu’il est arrivé en bas, sur le sol. Et dans un dernier réflexe, juste avant de mourir, il actionne son parachute.

C’est donc une histoire sanglante, se terminant par la mort du parachutiste, qui n’arrive pas à ouvrir son parachute avant la fin de sa chute.


Retenons donc la règle restreinte :

Lorsque l’action A est terminée au moment ou B commence, on la met au passé simple. Mais lorsque l’action A n’est pas terminée au moment ou B commence, on la met à l’imparfait.



Action A, action B

Bien entendu, si vous préférez renoncer au passé simple, vous le remplacerez par le passé composé. Nous allons symboliser notre règle restreinte sur un graphique.


Règle de base

La flèche de l’action il tombait symbolise le fait que l’action dure encore au moment où l’action il ouvrit son parachute commence.


Ordre chronologique, ordre du texte

Jusqu’à présent, l’ordre chronologique était identique à l’ordre du texte. Cependant, il n’en est pas toujours ainsi. L’emploi de conjonctions, par exemple, peut permettre de dire en premier une action qui a eu lieu après l’action du texte qui suit.

L’imparfait, justement, permet de s’affranchir de l’ordre chronologique.

Par exemple :

Elle avait soif. Elle but tout un verre.


Elle commence par avoir soif, et elle a encore soif quand elle commence à boire. Rien de plus logique.

Mais que dire de :

Elle but tout un verre : elle avait soif.

Ici, nous avons un passé simple, elle but , fini avant que l’action suivante ne commence, et un imparfait, « elle avait soif », qui n’est pas fini au moment où l’action suivante commence. Le problème, c’est qu’il n’y a pas d’action suivante.

Il faut donc que notre cerveau fasse un peu de gymnastique pour trouver une raison à cet imparfait. En effet, s’il n’y a pas d’action suivante derrière, il faut la chercher avant. Ainsi, le passé simple, placé dans le texte en premier, est en réalité l’action B. Et c’est l’action à l’imparfait, pourtant placée après qui est l’action A.

Ainsi tout s’explique. Elle but tout un verre. Vient ensuite, à l’imparfait, la raison de cette action : elle avait soif, et cette soif, qui avait commencé avant le début de B (= elle but tout un verre) n’était pas encore finie, éteinte seulement au début de B, alors que B avait déjà commencé .

Retenons donc la règle suivante sur la chronologie des actions :

Lorsque l’on a deux actions, l’une à l’imparfait, l’autre au passé simple, c’est toujours celle qui est mise à l’imparfait qui a commencé la première, même si, dans le texte, elle se trouve placée après.

Mais lorsque les deux actions sont au même temps, l’ordre chronologique est identique à celui du texte.

L’ordre chronologique peut être différent de celui du texte seulement lorsque les temps sont différents. Ainsi, nous aurons :

• Il eut faim. Il mangea : d’abord il a faim, puis il arrête, et ensuite, il mange. • Il mangea. Il eut faim : D’abord, il mange, puis il finit, et ensuite, il a faim

On peut bien sûr se demander pourquoi quelqu’un qui n’a plus faim mange, ou pourquoi quelqu’un qui a mangé a faim.

L'ordre des actions

exercice

Maintenant que nous avons défini l’action A et l’action B, fixé notre règle de base restreinte et précisé les différences entre l’ordre chronologique et celui du texte, il faut encore que nous fassions quelques expériences sur notre exemple en l’éclairant sous tous les angles pour voir ce qu’il peut nous donner.

Nous allons donc tenter quatre présentations pour voir ce que l’on peut en déduire.


Règle de base

Quelle version est la bonne ?

Quelle version est la bonne.

exercice

La règle de base générale

Il est temps d’en arriver à la règle de base générale. Dans la restreinte, nous avons envisagé le cas de deux actions. Nous allons à présent envisager le cas d’actions qui arrivent en groupe, que nous appellerons des trains d’actions.

Trains d'actions et actions individuelles

Les trains, c’est bien connu, se composent d’une locomotive qui entraîne un certain nombre de wagons.

Pour les actions, c’est un peu la même chose : certaines entraînent une série d’autres actions, et toutes vont ensemble. Et il suffit que la première action se déroule pour qu’elle déclenche la série des autres, et toute la série d’actions se répétera à chaque déclenchement de la première.

Par exemple, lorsque Jules mange des fraises, il a des boutons. Ces boutons le démangent, et il doit se gratter. Il se gratte alors jusqu’au sang.

Il mange des fraises est l’action déclenchante, la locomotive donc, les boutons, le fait qu’il se gratte et qu’il saigne sont les actions déclenchées en série, les wagons. Elles se répéteront chaque fois qu’il mangera des fraises.

Le train A est fini quand B commence.

Admettons que Jules meure. Le train s’arrête de lui-même, sans que rien de nouveau n’arrive.

Comme le train s’arrête, c’est-à-dire que la série cesse de se répéter, avant qu’une action nouvelle ne commence, on mettra toutes les actions du train au passé simple :

Toute sa vie, quand Jules mangea des fraises, il eut des boutons. Ceux-ci le démangèrent et il dut se gratter. Il se gratta alors jusqu’au sang.

Le train A dure encore quand B commence.

Admettons que Jules en ait assez. Il décide alors de ne plus manger de fraises. Cette action nouvelle, qui ne fait pas partie du train, arrive alors que ce train est encore en cours. Il est donc normal que toutes ces actions soient à l’imparfait, alors que la nouvelle action, qui se termine juste après son début, se trouvera au passé simple.

Quand Jules mangeait des fraises, il avait des boutons. Ceux-ci le démangeaient et il devait se gratter. Il se grattait alors jusqu’au sang. Un jour, il en eut assez et décida de ne plus manger de fraises.

Remarque : on considère qu’un train est encore en route lorsque l’action déclenchante entraîne encore la série d’action. Et on considérera que le train n’est plus en route si l’action déclenchante n’arrive plus à entraîner la série, ou encore si l’on évite d’effectuer cette action, ce qui empêchera également que la série ne soit déclenchée.


Il suffit donc que Jules se fasse désensibiliser, qu’il arrête de manger des fraises ou qu’il meure pour que le train s’arrête de lui-même. Vous devrez donc apprendre à bien identifier si vous avez affaire à des actions individuelles ou à des trains d’actions. En effet, il faut réfléchir sur chaque action lorsqu’elles sont individuelles, alors que l’on raisonne sur toute la série d’actions en bloc dans le cas des trains.

Comme il est important de bien distinguer les actions individuelles des trains d’actions, vous allez pouvoir faire en groupes l’exercice suivant.

Vous comparerez ensuite vos résultats à ceux des autres groupes et vous en ferez la synthèse.

Faites l'exercice :

Train ou pas ??

exercice


Règle restreinte des trains d'actions


Règle restreinte des trains:

La règle restreinte des trains ressemble beaucoup à celle des actions individuelles.

Lorsque un train d’actions A est terminé au moment ou une action B commence, on met toutes les actions qui le constituent au passé simple. Mais lorsque le train A est en cours au moment où l’action B commence, on met toutes les actions de ce train à l’imparfait.



Règle générale


Il ne reste plus qu’à unifier les deux règles pour avoir la règle générale.



Règle 1ère partie

L’action (ou le train d’actions) n’est pas finie

Lorsqu’une action individuelle passée ou un train passé est en marche au moment où une nouvelle action commence, cette action ou ce train (chacune des actions qui le compose) se met à l’imparfait.


Ex : Elle mangeait quand il arriva.

Quand elle mettait des talons hauts, elle avait des crampes et ses pieds lui faisaient mal. Elle décida alors de mettre des souliers à talons plats.


Règle 2ème partie

L’action (ou le train d’actions) est finie

Lorsqu’une action individuelle passée ou un train passé est arrêté au moment où une nouvelle action commence, cette action ou ce train (chacune des actions qui le compose) se met au passé simple


Ex : Elle mangea, puis sortit.

Pendant toute sa jeunesse, quand sa mère lui demanda de l’aider, elle fit semblant d’être malade.


Règle 3ème partie

La dernière action / le dernier train

La dernière action passée ( idem pour le dernier train passé) se met au passé simple.

Ex : Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.

Il n’attaqua jamais plus de cochons et n’en mangea donc plus jamais lorsqu’il en rencontra.

Cela est logique puisque la dernière action selon l’ordre chronologique ne peut pas être interrompue, et donc, ne peut pas se retrouver à l’imparfait.

Comme la dernière action joue un rôle dans le choix des temps, et que l’on sait maintenant reconnaître les actions A et B, nous allons faire un exercice pour bien apprendre à identifier l’action qui termine l’histoire, et qui, si elle est passée se mettra au passé simple.

Faites l'exercice :

Temps simple ou composé?

exercice


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