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Principes de la correction

2.2.3.1.2 Les problèmes posés par les phonèmes

Certains phonèmes sont problématiques parce qu’ils n’existent pas dans le système de la langue maternelle de l’apprenant. Mais d’autres le sont parce que, même s’ils ont un correspondant dans l’autre langue, ils s’emploient différemment.

2.2.3.1.2.1 Par les consonnes

On peut classer les consonnes en catégories qui peuvent poser des problèmes.

→ Il y a d’abord les consonnes sourdes et sonores. Les langues germaniques, allemand, néerlandais, langues scandinaves ne sont pas très exactes quant à l’utilisation des consonnes sourdes et sonores, en particulier pour les occlusives [p],[b],[t],[d],[k],[g] , et les constrictives [f],[v] et [s],[z] et [ʃ], [ʒ] en fin de mot, qui sont prononcées sourdes dans tous les cas, exactement comme en allemand. Inutile de dire que cela pose de très nombreux problèmes : bouche et bouge, rade et rate, daube et dope, cache et cage, etc. Si vous avez de tels apprenants, vous devrez être très attentive à ce qu’ils respectent bien le trait distinctif sourd /sonore. Pour ce faire, il faudra provoquer une prise de conscience. Faites entendre à l’apprenant la consonne sourde [s] en la tenant quelques secondes. Écrivez [s] au tableau. Faites de même avec la sonore correspondante [z], que vous écrirez au-dessous de l’autre.

Contrôle de la sonorité

intonation

réfléchissons Ecoutez :

Désormais, en cas de faute, mettez vos doigts sur votre larynx, et renouvelez rapidement la démonstration. Plus tard, vous pourrez vous contenter de poser deux doigts sur votre gorge pour provoquer le rappel.

Certaines consonnes sont assez rares

C’est le cas de [ ʒ ] = je. L’Allemand peut passer par [ ʃ ], qui est la forme sourde de [ ʒ ]. Il ne lui reste plus qu’à apprendre à faire vibrer les cordes vocales en même temps, ce qui revient à un problème de sourde / sonore.

Mais il y a des apprenants qui ont fait de l’anglais, ou de l’italien, et qui reconnaissent [ ʒ ] dans le pronom « je ». Malheureusement, en anglais ou en italien,

[ ʒ ]

n’existe que dans l’affriquée [ʤ ] (jump, oggi), une consonne qui commence par une occlusive, ici [d], et qui s’ouvre en constrictive, ici <[ ʒ ].

Si l’on peut être heureux de ce que l’apprenant reconnaisse [ ʒ ], on déchante aussitôt lorsqu’il prononce [ʤə] pour le « je » de « je m’appelle ». Là aussi, une prise de conscience sera nécessaire.

Vous pouvez ressortir la méthode des doigts sur le larynx, et partir de [ ʃ ], sourd, pour faire ensuite le même phonème, mais avec la vibration des cordes vocales, pour obtenir [ ʒ ].

Chou [ ʃu ] ➔ joue [ ʒu ].

Une autre consonne est assez rare : la consonne nasale [ɲ] de champignon, qui se prononce avec la pointe de la langue contre les dents du bas, le dos de la langue venant se coller contre le palais dur. C’est donc une occlusive palatale nasale.

Beaucoup d’étrangers, et même plusieurs Français, dont l’un de mes frères, la remplacent par la combinaison [nj], qui, à l’oreille, ressemble beaucoup à [ɲ] : c’est une combinaison d’une nasale [n] et d’une constrictive palatale, [j], sauf que ces deux traits pertinents sont réalisés l’un après l’autre, au lieu de l’être en même temps. Mais nous avons déjà assez perdu de temps à en parler, puisque cette solution n’est pas si mauvaise, et qu’il faut vraiment être au courant du problème pour s’en rendre compte. D’ailleurs, il est très difficile de trouver des cas où il peut y avoir un problème :

Un ion [œ̃njõ] / un gnon [œ̃ɲõ].

réfléchissons Ecoutez :

Vous connaissez sûrement la signification du premier, un atome qui a perdu sa neutralité électrique par l’acquisition ou la perte d’électrons. Quand au second, c’est un coup que l’on donne à quelqu’un et qui laisse des traces, comme dans la boxe. Vous comprendrez que l’on ne peut pas confondre les deux, vu qu’ils n’apparaissent pas dans le même contexte.

C’est un peu la même chose entre le « vieillard maniaque » [vjɛjaʁmanjak] et le « vieil Armagnac » [vjɛjaʁmaɲak], qui sont tous les deux vieux, le premier étant un homme âgé ayant des manies, et le deuxième étant un alcool d’âge respectable, fabriqué en Armagnac.

 Consonne problématique selon sa position : le [ʁ]. Le [ʁ] est un problème pour les Germaniques, les Scandinaves et les anglophones, ce qui représente du monde, quand il se trouve, dans une syllabe, après la voyelle.

Dans un mot comme l’allemand Bier, ou son équivalent anglais beer le r est prononcé sous la forme d’une voyelle : [bi:ɐ]. Ceci est un grave problème, car l’interlocuteur français ne reconnaît pas du tout la consonne [ʁ] dans cette voyelle [ɐ] , qui tire un peu sur le [a].

Si l’apprenant applique cette habitude allemande au français, cela peut le rendre complètement incompréhensible : Derrière « Je chèche le cas pou alle. » se cache : « Je cherche le car pour Arles. » Je suppose que vous êtes convaincue, et que vous accepterez l’idée d’une prise de conscience dans le cas du [ʁ] en fin de syllabe.

Si vous avez affaire à des germanophones, ou à des gens ayant fait de l’allemand, ou encore des apprenants ayant vu des films où le méchant soldat disait « Ach so ! » [axzo], faites-leur dire [x] en français : bar [bax] . Certes, ce son est sourd, mais c’est une constrictive assez proche, par son lieu d’articulation, du [ʁ], et le [ʁ] français, en fin de syllabe, est souvent assourdi.

Essayez ensuite, avec la méthode des doigts sur le larynx, de faire vibrer les cordes vocales. Le résultat devrait être satisfaisant, et mille fois meilleur que la voyelle [ɐ].

Pour d’autres apprenants, on s’arrangera pour leur faire remarquer comment se prononce r devant voyelle, puis, on les invitera à faire la même chose lorsque le r est placé derrière.

Quelle que soit la méthode, il faudra que vous soyez très attentive. Les récidives seront fréquentes, et vous devrez intervenir chaque fois pour éviter cette faute. Voyez la rubrique sur les voyelles ouvertes / fermées. Vous y retrouverez le [ʁ] et vous verrez que le problème est complexe.

Consonnes problématiques en fin de syllabe : les occlusives

Les occlusives se prononcent, comme vous le savez, avec un obstacle total. L’air s’accumule derrière l’obstacle, et quand la pression est suffisante, celui-ci cède et une explosion se fait entendre.

Il y a des langues, comme l’allemand, pour lesquelles les occlusives, en fin de syllabes, se prononcent sans explosion. C’est aussi le cas pour le [l], qui possède une phase quasi explosive lorsque la pointe de la langue se détache des alvéoles.

Par exemple, le mot Baum (= arbre) se termine bouche fermée. L’explosion n’a pas lieu.

En français, en revanche, l’explosion a lieu, même sans voyelle derrière. Cette explosion est modeste et discrète, mais on entend très bien l’ouverture de la bouche.

Ainsi, le mot pomme se termine avec réouverture de la bouche. Lorsqu’un Allemand prononce pomme comme il prononce Baum, cela s’entend.

réfléchissons Ecoutez :

Il y a une deuxième conséquence. Le français a tendance à chercher à prononcer une voyelle pour ne pas rester bouche ouverte, sans suite, et fait une liaison dès que possible.

L’Allemand, lui, n’a pas besoin de trouver de voyelle puisqu’il a la bouche fermée. Cela ne l’encourage pas à rechercher la liaison.

Il faudra donc systématiquement faire réaliser cette explosion. Mettez d’abord un [ ə ] derrière, et faites répéter le mot en faisant raccourcir la voyelle finale jusqu’à disparition, mais en gardant l’explosion. Accompagnez le son d’un geste de la main en écartant les doigts pour simuler l’explosion :

pomme : [ pɔmə ] répéter en raccourcissant le [ ə ] ➔ [ pɔm ]

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