Chacun remarque l'évolution du temps :
Ainsi, le temps de chacun s'écoule, et nous suivons son mouvement inexorable sans pouvoir ni l'arrêter ni le remonter. Seule la pensée, le souvenir peuvent remonter le temps, virtuellement, en observateur, sans pouvoir rien y changer. De même, alors que le futur du physicien n'existe pas, il envahit la vie de tout un chacun. On souscrit des assurances " au cas où ", on prépare ses vacances, ou son avenir en choisissant une filière dont on espère qu'elle nous amènera quelque part, certains font leur testament ou préparent leurs propres obsèques.
Comme on a des actions passées ou présentes, on envisage des actions futures sans toutefois savoir si elles auront lieu comme prévu : la zone de vacances est inondée par un tsunami, une révolution se déclenche dans la région visée, on glisse sur une peau de banane et on se casse la jambe avant les vacances de ski, bref, le futur, que l'on nommera pour la circonstance destin, nous joue des tours. Mais nos projets font partie de notre vie, à nos risques et périls.
Notre intérêt portant sur la conception du temps et son expression dans la grammaire, nous nous limiterons plus modestement à une description qui corresponde à ce que nous, pauvres humains parlant le français, sommes capables de concevoir, et que nous avons envie de faire savoir à nos congénères par l'intermédiaire de notre langue commune. Cependant quelques détails du temps des physiciens sont susceptibles de nous intéresser :
Le linguiste Wilmet fait remarquer qu'en Amérique ou au Japon, on commence bien plus tard à apprendre la grammaire. Or, le temps et l'énergie nécessaires à son apprentissage dépendent évidemment de sa complexité. Les Américains, par exemple, sont moins stricts que les Britanniques. Les Français, eux, n'ont pas beaucoup de chance, car leur langue est compliquée : l'écrit est éloigné de l'oral, les accords sont nombreux et complexes, les conjugaisons difficiles, l'exigence d'une expression explicite (" Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement " comme l'écrivait BOILEAU "), bannit l'implicite et la compréhension à demi-mot. Son apprentissage est donc plus long, et nécessite une soigneuse progression tenant compte de la pédagogie et de la didactique adaptées à l'âge des apprenants.
Une fois que l'on a lu cet article, on peut en déduire que la grammaire est beaucoup trop difficile pour être enseignée avant la quatrième, et on se demande quand on va nous proposer l'intervention d'une cellule psychologique devant traiter les apprenants et les enseignants traumatisés.
Le livre Theorie des Temps grammaticaux est en préparation
++ © Christian Meunier ++