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Tpt6 : Fenêtres et procès latents


Pourquoi parler de fenêtre ? Lorsqu’une fusée doit-être envoyée dans l’espace, on nous parle d’une fenêtre de tir. Cette fenêtre définit le début et la fin d’une période de tir favorable. La météo, la position des astres, le temps, la préparation des équipes, tout est prêt et rend le tir possible. Si l’on attend trop, la fenêtre se referme, et le tir est rendu impossible.

Dans le cas qui nous occupe, une fois que nous avons constaté qu’il existait une répétition dont les occurrences sont déclenchées par une date récurrente (Noël, la rentrée des classes, la fête des mères, la communion solennelle etc.) ou par procès déclenchant (manger des fraises lorsque l’on est allergique), on peut s’attendre à tout moment, au cas où le fait déclenchant se produit, qu’une occurrence ait lieu, une répétition des occurrences précédentes.

Nous devrons faire une différence entre l’occurrence initiale (celle qui inaugure la répétition) une occurrence particulière ( par exemple, la fête de Noël 2012) et l’ensemble de toutes les répétitions, que nous noterons répétition( ∑ ).

Nous tiendrons compte aussi d’un type particulier de procès, le procès latent, qui menace de se produire si le déclencheur a lieu. On s’en sert dans la vie courante, par exemple dans les exemples qui suivent :

  • A la prochaine rentrée des classes, tu auras un nouveau cartable. (A)
  • Pour ton anniversaire, tu pourras inviter des copains. (B)
  • Si tu manges des fraises, tu devras encore te gratter. (C)

Ainsi, on peut se servir de l’idée : procès déclencheur ➔ procès induits pour donner de l’espoir ou pour menacer. On évoque une occurrence particulière, que l’on définit temporellement, et qui se replace dans l’ensemble des répétitions. Nous allons nous pencher sur la vie d’une fenêtre.

Reprenons l’exemple de l’arachnophobie.

Un jour, Paul voit une grosse araignée qui traverse son lit. Il se met à trembler, à suer il fait une crise d’arachnophobie.

Mais ce n’est que la deuxième fois qu’il rencontre une autre araignée, et que sa réaction est tout-à-fait semblable, qu’il se rend compte de sa phobie.

Il constate donc l’ouverture de la fenêtre que nous nommerons arachnophobiePaul(∑). Nous appellerons les deux occurrences qui ont déjà eu lieu :

  • arachnophobiePaul( 0 ) la première, l’occurrence initiale.
  • arachnophobiePaul( 1 ) la 1ère occurrence.

Nous poursuivrons par :

  • arachnophobiePaul( x ) la xième occurrence.

Maintenant que la fenêtre est ouverte, nous pouvons nous attendre à ce que, si Paul rencontre une araignée, tout le processus se déclenche.

Nous pouvons même profiter de nos connaissances pour spéculer sur ce déclenchement. Nous pouvons par exemple fournir l’araignée, et la mettre dans la salle de bain sur sa brosse à dents au bon moment. Dès qu’il aura découvert l’araignée, son arachnophobie s’exprimera à nouveau, et nous aurons fait une bonne blague.

Notons qu’il y a répétition si un ensemble de procès se déroule à peu près de la même façon que les fois d’avant.

Si Madame Dupont, quand elle se sentait lasse, faisait un jour la sieste, buvait un autre jour un petit remontant, recourait une autre fois à une séance de yoga, on ne pourrait pas parler de répétition. Ou alors, il faudrait trouver une façon différente de présenter les choses, en pratiquant la méthode du dénominateur commun. Par exemple :

Quand Madame Dupont est lasse, elle se détend.

Ainsi, on a choisi ce que toutes les solutions ont en commun.

Et pour celles et ceux qui aiment les détails :

Quand Madame Dupont est lasse, elle se détend en faisant une sieste, en buvant un petit verre de remontant ou en faisant du yoga.

Ce cas permet la répétition, quelle qu’en soit la version.

  • ✦ Ce jour-là, Paul voit une araignée, se met à suer et il est pris de tremblements.
  • ✦ Quand Paul voit une araignée, il se met à suer et il est pris de tremblements.

Dans le premier exemple, la balise temporelle ce jour-là nous montre qu’il s’agit d’une occurrence> : le focus est mis sur un jour bien précis dont on a parlé avant.

Dans le second, nous ne mettons le focus sur aucune occurrence en particulier. Il s’agit donc de l’ensemble des occurrences qui ont eu lieu jusqu’à maintenant.

Nous avons vu comment s’ouvrait une fenêtre, et comment elle fonctionnait. Il faudrait maintenant s’intéresser à la fermeture. Quatre cas nous intéressent particulièrement :
  • On la ferme à chaud.
  • On la ferme à froid.
  • Elle se ferme d’elle-même.
  • Elle est impossible à fermer.

Fermer une fenêtre à chaud

Admettons que Paul soit toujours arachnophobe. Un jour qu’il voit une araignée et qu’il sent ses jambes se dérober sous lui, il se dit qu’il peut faire quelque chose pour régler le problème, au moins pour cette occurrence-là. Faisant preuve d’un grand courage, il prend un magazine qui traîne là, le plie en deux et frappe de toutes ses forces sur l’araignée qu’il tue sur le coup. Et çà partir de ce jour, il applique la même méthode. Il a réagi à chaud, pendant la crise, et trouvé une solution pour mettre fin à sa peur et refermer ainsi la fenêtre.

Fermer une fenêtre à froid

Il aurait pu avoir peur, et le soir, dans son lit, se dire qu’il était bien bête d’avoir peur d’un si petit animal. Il s’achète une tapette à mouche et, chaque fois qu’il rencontrera une araignée, il l’aplatira d’un coup de tapette. Cette fois-ci, il ferme la fenêtre à froid, en dehors de la crise. La fenêtre s’est fermée d’elle-même parce que la crise ne peut plus avoir lieu.

La fenêtre se ferme d’elle-même

Admettons cette fois qu’il aille vivre dans un pays froid, où les araignées sont inconnues. Dans ce cas, ne rencontrant plus aucune araignée, il ne peut plus en avoir peur. Mais si, lors de vacances dans sa famille, en France, il rencontre une araignée, il se peut qu’il ait perdu l’habitude d’avoir peur, auquel cas la fenêtre s’est bien fermée toute seule. On peut imaginer aussi que la crise d’arachnophobie soit déclenchée, auquel cas on s’apercevrait que la fenêtre n’est pas du tout fermée. Le combat avait momentanément cessé faute de combattants.

Une fenêtre peut ne pas pouvoir se fermer

Voyons un cas particulier, le principe d’Archimède :

Tout corps plongé dans un liquide reçoit une poussée dirigée de bas en haut égale au poids du liquide déplacé.

Il est clair que la fenêtre est ouverte depuis longtemps, depuis que l’on plonge des corps dans un liquide. Il y a gros à parier que l’on continuera dans le futur à plonger des corps quelconques dans un liquide tout aussi quelconque.

Pour fermer cette fenêtre, il faudrait :

  • Soit qu’il n’y ait plus de corps à plonger,
  • Soit qu’il n’y ait plus de liquide,
  • Soit qu’il n’y ait plus rien ni personne qui ne plonge un corps dans un liquide.

Il semble impossible que l’une quelconque de ces propositions ne se réalise un jour.

Comment se servir d’une fenêtre

Comme nous l’avons vu, on peut se servir d’une fenêtre :

  • Pour décrire la réalisation de procès
  • Pour prévoir une conclusion : Quand on met les doigts dans la prise, on peut s’électrocuter.
  • Soit déclencher un procès : Quand Julie reçoit des fleurs, une vilaine réaction allergique la fait éternuer et pleurer. Comme je la déteste, je lui ai offert un brin de muguet.

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