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L'Impératif du français : emploi



Emploi modal

L'impératif est avant tout le mode de l’ordre, de la menace, de l’interdiction et même de l’insulte.

➔ Quand on donne des ordres, il est tout indiqué d’employer l’impératif.

Soldat Dugenou, levez-vous ! Avancez ! Arrêtez-vous ! Rompez !
Elève Jules, taisez-vous.

➔ On peut menacer quelqu’un de diverses manières.

Dans l’Opéra Carmen, de Georges BIZET, il y a des menaces bien connues à l’impératif :

« Si je t’aime, prends garde à toi ! »

Mais il y a aussi, dans certaines écoles :

« Méfie-toi ! »

Ou, moins poli:

« Fais gaffe ! »

➔ L’interdiction se trouve souvent à l’impératif, en général accompagné d’une négation.

Les interdictions les plus connues, attribuées à Dieu le Père, sont formulées au futur:

Tu ne tueras pas, tu ne mentiras pas.

Dans les autobus, on a préféré l’infinitif avec une négation :

Mais on aurait aussi bien pu employer l’impératif :
Ne tue pas ! Ne mens pas ! Ne parlez pas au conducteur ! Ne vous penchez pas au dehors ! Ne crachez pas par terre !

L’infinitif est plus impersonnel, et ne s’adresse à personne en particulier, mais à tout les individus, quels qu’ils soient.

➔ Qui dit « ordre » et « menace » pense immédiatement à l’éducation des parents autoritaires, comme dans la chanson de Jacques Dutronc : « Fais pas ci ! Fais pas ça ! ».

Voici quelques morceaux choisis, que tous les enfants de ma génération ont entendus des milliers de fois :

Dis bonjour à la dame !
Enlève les doigts de ton nez !
Regarde-moi quand je te parle !
Pousse avec ton pain ! (et pas avec ton doigt)
Remonte tes chaussettes !
Ne te balance pas sur ta chaise !
Tiens-toi droite !
Vous en connaissez sûrement d’autres vous-même. On peut aussi insulter les gens à l’impératif. Voici quelques extraits à n’employer qu’en réponse à d’autres insultes :
« Va te faire voir ! »
« Cache-toi ! »
« Casse-toi, pauvre con ! » (rendu célèbre par le président Sarkozy)


Levez-vous quand j'entre dans la salle. Asseyez-vous. Prenez une feuille. Ecrivez votre nom et la date du jour. Traitez le sujet suivant: "L'homme est-il sur terre pour souffrir?" Allez-y !.


➔ On utilise la menace en promettant une punition pour dissuader notre adversaire de faire quelque chose.

Méfiez-vous, élève Dubol. Faites très attention. Taisez-vous ou vous serez puni.


➔ Enfin, l'interdiction doit empêcher notre interlocuteur, ou notre lecteur, de faire certaines choses. On y ajoute souvent la négation.

Ne parlez pas. N'ouvrez pas cette porte. Ne touchez pas la marchandise.

On pourrait utiliser l'infinitif:

Il est interdit de parler, d'ouvrir cette porte, de toucher la marchandise.

Voici un petit exercice sur l'emploi modal de l'impératif :

Emploi modal de l'impératif.

exercice



Emploi stylistique


On peut se servir de l’impératif de façon positive, même si l’on montre une certaine fermeté. En particulier, on peut :

  • Donner un conseil appuyé.
  • Encourager fermement des gens.
  • Exprimer de la politesse, surtout par écrit.


3.2.1 Donner un conseil appuyé

Quelquefois, lorsque certaines personnes ont des difficultés à prendre des décisions, on arrête de les conseiller au conditionnel (tu devrais…, tu pourrais …) et on les secoue un peu par l’emploi d’un bon impératif :

« Tu ne vois pas qu’il se moque de toi ? Secoue-lui les cloches ! Interdis-lui d’aller voir cette fille ! Menace-le de le quitter ! Mets-le dehors ! »

Ce ne sont pas des ordres ou des menaces, mais des conseils bien décidés.

Quand on a vu jouer l’équipe de France de football en Afrique du Sud en 2010, et qu’on l’a revue en Pologne / Ukraine en 2012, on sent bien qu’il faut l’encourager fermement par des impératifs :

« Allez, les gars, courez, battez-vous, ne vous laissez pas faire. »

La Marseillaise, l’hymne national des Français, commence par un encouragement à l’impératif :

« Allons, enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé ! »,

et se termine par

« Marchons, marchons, qu’un sang impur abreuve nos sillons. »


3.2.2 Encourager

Le fait que l’on ait une 1e personne du pluriel permet de s’inclure soi-même, comme un officier qui mène ses troupes.

« Allons-y ! Du courage ! »

Si l’on ne fait pas partie du groupe, on se contentera d’un :

« Allez-y ! Vous y arriverez »

Quant à nous, nous resterons bien à l’abri.


3.2.3 Exprimer la politesse

On peut se servir de l’impératif dans des formules de politesses bien codifiées, à employer avec le moins de variations possible.

⇒ Si vous bousculez quelqu’un, vous pouvez exprimer vos regrets de diverses façons.

Pardon.
Pardonnez-moi !
Excusez-moi !
Veuillez m’excuser !

⇒ Cette dernière formule peut servir à introduire une de ces fameuses formules de politesse que l’on écrit au bas d’une lettre :

Veuillez agréer, Madame, l’expression de mes sentiments distingués.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.
Veuillez agréer, Madame la Directrice, l’expression de mon profond respect.

Voici un petit exercice sur l'emploi stylistique de l'impératif :

Emploi stylistique de l'impératif.

exercice



4 Les à-côtés de l’impératif

    L’impératif, du fait qu’il n’a pas de pronom sujet, entraîne quelques difficultés.
  • Lorsque l’on s’adresse à un absent en se servant d’un intermédiaire.
  • Me ⇒ moi / te ⇒ toi
  • Dans la place et l’ordre des pronoms personnels.
  • Lorsqu’on rapporte des propos à l’impératif.


4.1 S’adresser à quelqu’un par un intermédiaire


Lorsque la personne à qui l’on voudrait donner un ordre, un conseil, ou transmettre une interdiction n’est pas joignable, on a recours à une messagère, ou à un messager.

Dans ce cas, on emploiera le subjonctif présent ou passé, selon que l’action résultante doit être terminée avant l’action principale ou non.

« Qu’elle vienne me voir demain à 8h. »
« Qu’il prenne bien ses médicaments. »
« Qu’ils aient déjà pris leur petit-déjeuner quand j’irai les chercher. Je n’ai pas de temps à perdre. »

Pour plus de détails, allez voir l’unité sur « le subjonctif».


Problème des pronoms


Voici un petit exercice sur l'emploi des pronoms personnels à l'impératif :

Les pronoms personnels à l'impératif.

exercice



4.2.1 La place et l’ordre des pronoms

Règle 1 :

Du fait de l’absence de sujet à l’impératif, tous les pronoms personnels qui dépendent de la valence du verbe se retrouvent placés derrière lui, et montrent leur appartenance à ce verbe par la présence d’un trait d’union.

L’ordre est alors toujours le même :

CV(-) / CV+(à) / y /en

ou

CV(x) / y / en

Exemples :

Tu le regardes : regarde-le. (A)
Nous lui écrivons : écrivons-lui. (B)
Vous le lui écrivez : écrivez-le-lui. (C)
Tu m’en donnes un : donne-m’en un. (D)
Tu y vas : Vas-y. (E)
Vous nous l’écrivez : Ecrivez-le-nous (F)

Explication


Voici un exercice global sur l'impératif :

Exercice global sur l'impératif.

exercice


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