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Valence et Accord du Participe passé.

1. Rappel sur l’accord du participe passé.

Chacun sait ou devrait savoir que le participe passé conjugué avec avoir s’accorde en genre et en nombre avec le COD placé avant. (ici : faite)

✦ La tarte, je l’ai faite avec des pruneaux.

Ceci peut paraître simple, mais en fait, il y a des cas où, si l’on ne s’intéresse pas à la valence, on n’a aucune chance de faire l’accord correctement.

Voyons un certain nombre d’exemples critiques. Étudiez bien l’accord.

Code Exemple

  • A1 ✦ La tarte, nous l’avons mangée hier.
  • A2 ✦ La tarte, nous en avons mangé hier.
  • B1 ✦ Les vacances au Tchad, nous nous en sommes souvenus longtemps.
  • B2 ✦ Les vacances au Tchad, nous nous les sommes rappelées longtemps.
  • B3 ✦ Ils se sont rappelé longtemps les vacances au Tchad.
  • B4 ✦ Ils se sont rappelés à notre bon souvenir.
  • C1 ✦ Elle s’est suicidée la semaine dernière.
  • C2 ✦ La viande s’est longtemps mangée avec les mains.
  • C3 ✦ Elle s’est rappelé son enfance.
  • C4 ✦ La chienne s’est oubliée sur le tapis.


1.1. Exemples A : Cas du partitif

Il est clair dans les deux exemples A qu’il y a un problème, puisque dans A1, le participe mangée s’accorde avec le CV{—} tarte, placé avant, alors que ce n’est pas le cas pour A2.

La raison en est que le pronom personnel en n’est pas un CV{—}. Il remplace « », qui commence par une préposition, de.

On touche là à un problème qui n’est pas vraiment expliqué par la grammaire courante, et que l’on appelle l’article partitif. Prenons cinq exemples :

  • ✦ « Le vin est la plus saine et la plus hygiénique des boissons. » (Louis Pasteur). (A3)

➜ Dans (A3), l’article défini le montre qu’il s’agit du vin, contraire de l’eau ou du lait. Il s’agit du vin en tant que substance. Il est défini comme tel par l’emploi de l’article défini.

C’est aussi le défini que l’on emploierait pour désigner un vin précis :

✦ Je préfère le vin de Bourgogne. (A8) ✦ Tu boiras le vin que j’ai acheté. (A9)

Dans ces deux cas, le vin est défini par l’article le. Le vin de (A8) est défini par son origine, la Bourgogne. Celui de (A9) est défini par le fait que je l’ai acheté.

Dans ces trois cas, on parle de la qualité du vin.

Dans les deux derniers cas, le vin est un CV{—}.

➜ Dans (A4), un verre de vin se réfère à une quantité, c’est-à-dire une partie seulement du vin, un verre. On emploie la préposition de qui introduit le complément de nom vin : un verre de vin, c’est un verre rempli de vin. Cela veut dire : de tout le vin, il boit un verre. Le nom vin est complément de nom du nom verre, lequel est le véritable CV{—}.

Boire qc ➜ qc=un verre (rempli de vin)

➜ Dans (A5), du vin suppose qu’il y ait une quantité, mais une quantité non définie. Du est considéré comme un article partitif, désignant une partie d’un tout. Il ne peut pas boire du vin sans qu’il y ait une quantité, même si on ne la précise pas. Ainsi, on dira : « Il boit du vin »

➜ Quand on peut compter les éléments, quand le signifié est dénombrable, on utilise l’article indéfini pour désigner un individu parmi tous ses pairs : un homme, une pomme. On emploiera le pluriel des quand il y en a plusieurs.

➜ Mais quand le signifié n’est pas dénombrable, on emploie du, de la, ou de l’ selon les cas. Ainsi, A midi, nous avons mangé de la purée, du jambon et de l’éléphant. On appelle ces trois éléments l’article partitif, celui qui désigne une partie d’un tout.

Mais en réalité, on peut rapprocher ces trois éléments de la tournure : un verre de vin. En effet, de tout le vin possible, je bois un verre.

Ici, on a une construction équivalente si l’on pense : du vin = de tout le vin possible, une petite quantité. Il en est de même de l’exemple A2 : j’en ai mangé = j’ai mangé de la tarte= de toute la tarte possible, un morceau. Du vin (exemple A5) et de la tarte (exemple A2) désignent une partie d’un tout. Ainsi, le tout est un complément de nom d’une quantité non définie. C’est pour cela que, dans A2, on ne peut pas accorder le participe avec le pronom en = de la tarte, qui n’est pas CV{—}.

Ceci ne doit pas nous empêcher de nommer la construction du, de la, ou de l’un article partitif, équivalent non-dénombrable de l’article indéfini un, une.

On aura noté que le partitif n’a pas de pluriel. Pour cela, il faudrait que l’on puisse dénombrer le signifié, ce que l’on ne peut pas puisqu’il est non dénombrable.

➜ Dans (A6), un peu joue le rôle du verre pour désigner une quantité. Celle-ci n’est pas mesurée, comme avec un verre, mais évaluée. D’ailleurs, ce qui est peu pour un alcoolique peut être beaucoup pour quelqu’un qui ne boit que de l’eau.

Dans un peu de vin, le signifiant vin n’est pas CV{—}, pas plus que dans un verre de vin.

➜ Dans (A7), pas de joue le rôle d’un peu. Ici, la quantité est nulle, mais c’est une quantité.

Le mot vin ne peut pas être un CV{—}, pas plus que dans un peu de vin.


1.2. Exemples B : Identifier le contenu du pronom réfléchi

➜ Dans (B1) : Lorsqu’un pronom renvoie au sujet, le verbe est pronominal.

Dans : Le philosophe Louis Althusser s’est suicidé. Celui qui a tiré est identique à celui sur lequel on a tiré. On ne pourra donc pas écrire : * le philosophe l’a tué, mais le philosophe s’est tué.

Le verbe se suicider est un verbe essentiellement pronominal, qui n’existe qu’ainsi. C’est le cas également pour le verbe se souvenir, dont la valence sera se souvenir de qc/qn.

Dans le cas de tels verbes, le participe s’accorde avec le sujet, ici « ils ». Nous aurons donc : ils se sont souvenus.

➜ Dans (B2) : Le verbe se rappeler vient du verbe : rappeler qc à qn. Il est occasionnellement pronominal lorsque à qn renvoie au sujet, ce qui est le cas ici. Nous devons donc remplacer à qn par se.

Attention : dans le cas des verbes occasionnellement pronominaux, l’auxiliaire est être, mais on continue d’appliquer la règle d’avoir. Il faudra donc appliquer la valence de rappeler qc à qn à se rappeler qc.

Dans l’exemple B2, Nos vacances au Tchad, nous nous les sommes rappelées longtemps.

la valence qc à qn se décode ainsi : à qn = se / qc = les, mis pour les vacances, féminin, pluriel. Le CV{qc} est donc placé avant et il faut accorder le participe selon ce CV{qc}. Ainsi, on aura ils se les sont rappelées.


1.3 Exemples C : Règles d’accord des verbes pronominaux

Nous avons commencé à voir comment fonctionnaient les verbes essentiellement pronominaux, qui suivent la règle d’être, alors que les occasionnellement pronominaux suivaient celle d’avoir.

Dans les exemples C1, C2, C3 et C4, nous allons voir qu’il existe quatre sortes de verbes pronominaux :

Les verbes essentiellement pronominaux (C1) qui suivent la règle d’être :

✦ Elle s’est suicidée. : le participe s’accorde avec le sujet (ici, elle) suicidée.

Les verbes pronominaux à sens passif (C2) qui suivent la règle d’être :

✦ La viande s’est longtemps mangée avec les mains. Le participe s’accorde avec le sujet (ici, la viande) mangée.

Les verbes occasionnellement pronominaux (C3) qui suivent la règle d’avoir :

Elle s’est rappelé son enfance. Rappeler qc à qn. Qc est ici enfance, et se trouve placé après le verbe. Il n’y a donc pas d’accord.

Les verbes quasi-essentiellement pronominaux (C4) qui suivent la règle d’être :

Ces verbes viennent d’un verbe non-pronominal, mais ils ont changé de sens, ce qui en fait des sortes de verbes quasi-essentiellement pronominaux.

✦ La chienne s’est oubliée sur le tapis. Elle n’a ici rien oublié. Elle a fait pipi sur le tapis.

Il n’y a donc pas de lien évident entre s’oublier et oublier qc/qn.

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