Le conditionnel s’emploie surtout :
Les petits Français de ma génération apprenaient quelquefois la politesse avec rudesse. Lorsqu’ils disaient à leur maman :
ils recevaient une gifle, et la maman disait :
Ceci signifiait que le roi lui même, avant qu’il ne perde la tête, ne disait pas « Je veux ». Il employait le pluriel de majesté. Quant à l’enfant, il était prié d’employer le conditionnel :
Ainsi, le conditionnel est indispensable à la femme et à l’homme polis.
A quelqu’un qui vous demande où se trouve la rue Meunier, que, bien sûr, vous ne connaissez pas, vous pourrez du moins répondre :
Ou encore :
Il est tellement simple d’être poli au conditionnel. Je ne saurais donc trop vous conseiller de l’employer.
Admettons que vous soyez journaliste, et que, à 21 heures, quelqu’un vous dise :
Il est tard, et vous ne pouvez joindre personne pour vérifier l’information.
Vous entrez en conflit avec vous-même : ce serait trop risqué, et contraire à votre sens de la déontologie, que de sortir une information aussi scandaleuse sans l’avoir au préalable vérifiée. Oui, mais d’un autre côté, ce serait bête d’y renoncer, d’autant plus qu’en plein été, les nouvelles sont rares.
Vous allez donc sortir cette nouvelle avec les précautions d’usage, en la présentant au conditionnel, ce qui veut dire que l’information n’est pas officielle.
Dans l’hypothèse où elle se révélerait fausse, vous auriez au moins pris quelques précautions :
D’ailleurs, on entend souvent dire à la radio :
Ce qui veut dire qu'elle est donnée sous toute réserve, sans garantie.
Les enfants, quand ils jouent, rêvent souvent tout éveillés. Ils le font alors au conditionnel:
Des jeunes gens qui font des projets d’avenir peuvent également employer le conditionnel :
Ou encore :
Evidemment, ceci rappelle fortement le conditionnel marquant l’hypothèse. Mais alors que l’hypothèse relève de la logique, le rêve, lui, ne connaît aucune contrainte.
© Jean Piètre-Cambacédès & Christian Meunier