Je ne veux pas vous priver du spectacle de l'article partitif, mais je voudrais d'abord vous faire remarquer que tous les cas ont déjà été décrits. En effet, en introduisant les concepts de dénombrable / non-dénombrable, et de quantité / qualité, nous avons pu intégrer l'article partitif au système de l'article français.
Mais jouons le jeu et parlons du partitif.
Rappelons d'abord que partitif met l'accent sur le fait qu'il s'agit ici d'une partie d'un tout. Par exemple, je bois du vin suppose que l'on boive une partie du vin disponible sur la terre.
On distingue ordinairement quatre cas différents:
On emploiera l'article défini pour désigner un signifié non-dénombrable précis, déterminé.
Il ne s'agit pas d'un vin quelconque. Il s'agit de celui que j'ai acheté dans un but précis.
Il est donc conforme à notre théorie d'employer l'article défini, pour les non-dénombrables comme pour les dénombrables.
Admettons que nous soyons en train de traverser le Sahara à pied. Nous n'avons qu'une bouteille d'eau pour toute boisson. Je vous demande:
Vous avez remarqué que j'utilisais l'article défini. Comment expliquer cet article?
Cela signifie que je parle du vin en tant que tel, mais que vous n'avez pas besoin d'en avoir concrètement pour pouvoir l'aimer.
En effet, on peut aimer le vin sans en avoir. On peut détester le vin sans en avoir devant soi. C'est donc le vin, avec tout ce qu'il représente pour vous, et non pas un vin précis, et non pas une quantité, certaine ou non, de vin. Ceci est à rapprocher de l'homme comme représentant de tout le genre humain.
Les verbes qui n'ont pas besoin d'une présence concrète du signifié en question sont, entre autres:
pratiquement tous les verbes qui permettent de porter un jugement.
Le verbe avoir besoin de fait aussi partie de cette famille, mais nous avons montré plus haut qu'à cause de la préposition de, certains changements avaient lieu.
On aura donc:
Mais il y a une différence entre ces deux cas.
Dans le cas n°1, la quantité existe concrètement, mais c'est la qualité qui prime: Je bois du vin ( pas du lait...).
Dans le cas n°2, l'accent est mis sur la quantité, et ce, d'autant plus qu'un mot la désigne.
Lorsque la quantité n'est pas précisée, on emploie, d'après la règle de la préposition de suivie de l'article défini (règle 2):
On aura donc:
Nous avons vu plus haut qu'il y avait plusieurs méthodes pour préciser la quantité d'un signifié non dénombrable:
Ces méthodes ont quelque chose en commun: la quantité est précisée en toutes lettres, y compris la quantité zéro (je n'ai plus de sucre, elle n'a pas de pitié).
Lorsque la quantité est exprimée, on emploie donc, selon les règles 3a, 3b et 3c, un signifiant qui désigne la quantité, suivi de la préposition de .
On aura donc:Ainsi, vous l'aurez sûrement remarqué, tous les cas d'article partitif, qui se rapportent en fait au signifié non-dénombrable, ont déjà été décrites plus haut. Nous pourrons donc affirmer que l'article partitif est mort le 14.12.94, date à laquelle j'écris ces lignes, l'important n'étant pas que l'article désigne une partie d'un tout, mais fonctionnant parallèlement au système des articles utilisés pour le signifié dénombrable.
Le module eGrammaire / Grammaire participative est en pleine révision.
++ © Christian Meunier ++