Feuille de route n° 6 : La forme interrogative
Pour élargir votre grammaire intuitive, travaillez sur ces exemples :
• Écoutez-les sans les lire.
• Écoutez-les en les lisant à haute voix.
• Écoutez-les en les répétant.
Vous pouvez travailler tableau par tableau, ou les deux à la suite.
Phrases :
Groupe 1 : Patrons intonatifs
Sammy vient de Paris.
Sammy vient d’où ?
D’où Sammy vient-il ?
Tu as vu Paul, cet idiot ?
Groupe 2 : Interrogation totale ou partielle
La cigale chante, tandis que la fourmi travaille.
Est-ce que la cigale chante, tandis que la fourmi travaille ?
Les allocations sont-elles suffisantes pour payer la crèche du bébé ?
Pourquoi les allocations chômage sont-elles payées tous les quinze jours ?
A qui le professeur a-t-il donné 2 heures de colle ?
Que mangez-vous ?
Vous mangez quoi ?
Qu’est-ce que vous mangez ?
Groupe 3 : la question avec inversion
Quelle heure est-il ?
D’où vient-il ?
A-t-il mangé tout le gâteau ?
Votre soeur est-elle avocate ?
Ma fille vous a-t-elle parlé ?
Qui a photographié ta soeur ?
Qui ta soeur a-t-elle photographié ?
A qui avez-vous parlé ?
Avec qui avez-vous fait le voyage ?
Avec qui est-ce que vous avez fait le voyage ?
La police ne les a-t-elle pas arrêtés ?
Comment va ton père ?
Où va ton père ?
Où va travailler ta mère ?
Comment va-t-elle au travail ?
Où va-t-il à vélo ?
Groupe 4 : La question avec est-ce-que
Il a mangé tout le gâteau ?
Qu’est-ce qu’il a mangé ?
« Est-ce que la cigale a chanté tout l’été ?
Quand est-ce que le train arrive ?
A quelle heure est-ce que nous partons ?
Pourquoi est-ce que tu n’as plus faim ?
Pour quelle artiste est-ce que cette maison a été construite ?v
Est-ce qu’elle vient- ? Est-ce qu’il pleut ?
Est-ce que Rio de Janeiro est la capitale du Brésil ?
Où est-ce que tu habites ?
Par qui est-ce que l’Amérique a été découverte ?
Groupe 5 : Cas spéciaux
Que pensé-je de tout cela ?
J’irai, dussé-je me battre avec lui. (= même si je dois).
Puis-je vous demander l’heure qu’il est ?
Le coiffeur, combien prend-il pour une coupe ?
Où va-t-il ? Aime-t-elle le roquefort ?
Quelle heure est-ce qu’il est?
A quel étage est-ce qu’il habite ?
Quel mari de Gloria Lasso était-il producteur de cinéma ?
Groupe 6 : la parenthèse haute.
On va visiter le Louvre mercredi avec les voisins ?
vOn va visiter le Louvre avec les voisins mercredi ?Mercredi, avec les voisins, on va visiter le Louvre ?
On va visiter le Louvre mercredi avec les voisins ? Non, avec Pauline et Jacques.
On va visiter le Louvre avec les voisins mercredi ? Non, jeudi.
Mercredi, avec les voisins, on va visiter le Louvre ? Non, le musée d’Orsay.
On va visiter le Louvre, avec les voisins ? Non, le musée d’Orsay.
La plupart des apprenants ne sont pas habitués à poser de questions, du fait que, pendant les cours, ils en ont rarement l’occasion. Ils sont plus habitués à répondre aux questions de leurs enseignants.
Pourtant, lorsque l’on se retrouve en France, on est, au moins au début, amené plus souvent à poser des questions qu’à fournir des réponses pour résoudre les problèmes que l’on rencontre.
v Après avoir revu les règles de l’intonation de l’interrogative, nous nous pencherons sur les problèmes qu’elle pose, et particulièrement :La parenthèse haute commence juste après la fin de l'information, en addition. Tu as vu Paul, devrait suffire. On ajoute une information inutile, celle qu'il est idiot. L'échange d'informations aurait amené la même réponse sans cette parenthèse.
Les différentes façons de poser une question suivront forcément l’un des patrons intonatifs définis ci-dessus.
Entraînez-vous en groupes à dire les quatre patrons ci-dessus : lisez chaque patron à tour de rôle.
Rappelons d’abord que l’on appelle interrogation totale le fait de poser une question sur l’ensemble d’une phrase, simplement pour savoir si cela est vrai ou non. Dans ce cas, on n’emploie pas de mot interrogatif. Cette question suivra forcément le patron A, sans mot interrogatif.
✦ La cigale chante, tandis que la fourmi travaille.
- Question totale :
✦ « Est-ce que la cigale chante, tandis que la fourmi travaille ?
— Oui. »
En revanche, lorsque l’on pose une question seulement sur un élément de l’information, l’interrogation est partielle, et on emploie un mot interrogatif.
Si vous mettez le mot interrogatif au début, vous suivrez le patron intonatif C, avec montée sur le mot interrogatif.
Question partielle :
✦ « Que mangez-vous ?
— Une quiche. »
Mais si vous mettez le mot interrogatif à la fin, vous suivrez le patron B.
Question partielle :
p> ✦ « Vous mangez quoi ?— Une quiche. »
Et n’oubliez pas que « est-ce que » n’est pas un mot interrogatif, mais un simple moyen pour éviter l’inversion.
Recherches grammaticales : Question totale / question partielle
Répartissez-vous en groupes. Analysez ensemble les points suivants :
Lorsqu’une question porte sur la totalité de l’information, on dit qu’elle est totale.
Lorsqu’elle porte sur une partie de l’information (sujet, complément de temps, de cause, de lieu etc.), on dit qu’elle est partielle.
A vous de trouver si la question porte sur la totalité de l’information ou sur un aspect particulier.
Expliquez à quoi on peut reconnaître qu’une interrogation est totale ou partielle.
1. En observant la question ?
L'interrogation est totale lorsqu'elle ne contient aucun mot interrogatif. Elle porte sur la véracité de l'information.
2. En observant la réponse ?
La réponse à une question totale est généralement: oui ou non.
.Rejoignez les autres groupes et comparez vos résultats.
Exercice n° 33Vous pouvez faire un exercice pour apprendre aux élèves quand on emploie un mot interrogatif, et quand on ne le fait pas.
Il y a en français trois façons officielles de poser une question :
La question avec inversion du sujet correspond à un style élevé.
Le problème principal vient de l’inversion :
D’abord et avant tout, l’inversion ne se fait pas lorsque l’on emploie « est-ce que », simplement parce que la tournure « est-ce que » a été inventée pour éviter l’inversion.
Règle :
Si le sujet est animé, on posera la question avec qui, sans inversion.
✦ Qui est là ? Qui est venu ce matin ?
Si le sujet n’est pas animé, on doit employer la forme avec est-ce qui :
✦ Qu’est-ce qui te plairait, pour ton anniversaire.
Dans aucun des deux cas on ne peut faire d’inversion parce que le mot interrogatif est sujet, et qu’il doit se situer au début de la phrase.
Attention : quand on pose la question sur le sujet, il est important de savoir s’il est animé ou non.
Ce sera le cas lorsque la question porte sur l’objet direct non-animé:
✦ Qu’a vu ton frère, en Afrique ?
Mais lorsque la question porte sur un CV{—} (=cod) animé, cela ne sera pas possible. En effet, dans :
✦ Qui a vu ton père ?
Le sujet est qui, et ton père est CV{—} (Complément dans la valence sans Préposition =cod). La seule solution sera :
✦ Qui ton père a-t-il vu ?Dans ce cas, père est sujet, et qui est CV{—} (=cod).
Apprenez à distinguer si qui est sujet ou CV{—} (=cod).
Ensuite, apprenez à poser la bonne question.
Ce sera aussi le cas avec les pronoms interrogatifs où et comment :
Apprenez à poser la bonne question avec où et comment.
Posez une question sur la partie soulignée.
6.1.4.2.2 Le sujet est un substantif, et on fait l’inversion avec un pronom personnel.
Il en est ainsi dans tous les autres cas où le sujet est un substantif.
Si le sujet est un pronom personnel, il ne sera pas difficile de faire une inversion avec, sauf, bien sûr, si la question porte sur le sujet (cf. § 4.2.2.1)
Comme dit plus haut, il n’y a jamais d’inversion lorsque l’on emploie est-ce que. En effet, c’est pour ne pas avoir à faire l’inversion qu’on l’emploie. C’est donc une simplification, même si l’on rallonge un peu la phrase.
Si l’on ne veut pas s’embêter avec les problèmes d’inversion, on peut systématiquement employer « est-ce que ». D’ailleurs, le style est tout à fait correct.
On voit qu’il suffit de mettre « est-ce que » devant l’affirmative pour avoir une question totale.
Pour l’emploi avec le mot interrogatif, la méthode est simple :
On met est-ce que derrière le mot interrogatif, mais dans le groupe nominal sujet.
Reprécisez bien à vos apprenants que « est-ce que » n’est pas un mot interrogatif. C’est une simple expression qui empêche d’avoir à faire l’inversion.
La question intonative est aussi une méthode employée pour ne pas avoir à faire l’inversion du sujet. Cependant, le style n’est pas des meilleurs, surtout lorsque l’on emploie un mot interrogatif :
Ce dernier exemple ne dénote pas un très bon style. On notera cependant un détail intéressant le [ə]. Que devient quoi [kwa] pour des raisons d’intonation.
Nous savons que, à part pour le pronom le, on ne peut pas mettre d’accent tonique sur le [ə].
Ainsi,Nous vous épargnerons, pour l’instant, la question telle qu’on l’entend souvent :
Nous observerons l’évolution, mais pour l’instant, nous rangerons ce mélange d’interrogation et de mise en relief dans la catégorie : faute inélégante.
L’inversion du sujet ne se passe pas toujours sans difficulté annexe lorsqu’on la fait avec un pronom personnel.
➜ Si le pronom personnel est je, et que le verbe se termine par un e, il faudra écrire é :
➜ Si le pronom personnel est je, et que le verbe est pouvoir
➜ Si le pronom personnel est il ou elle :
Il faut absolument faire des exercices en mélangeant les cas, pour habituer les apprenants à bien contrôler la situation. Exercice n° 34 : est-ce que
Posez la même question avec est-ce que Exercice n° 35 : l’inversionSi l’on veut employer un mot interrogatif, encore faut-il employer le bon.
On peut les classer en deux catégories :
- les pronoms, qui sont spécialisés : où, pourquoi, comment, quand etc.
On fera des exercices pour choisir le bon mot interrogatif.v
- les adjectifs, qui, ajoutés à un substantif, sert à construire une interrogation :
ex :Ces adjectifs peuvent-être remplacés par des pronoms : lequel, laquelle, lesquels, lesquelles.
Il faudra donc revoir avec les apprenants les règles d’accord.
Voici un exercice possible :
¬ Exercice n° 36 :Comme nous avions une parenthèse basse, nous avons aussi une parenthèse haute, qui permet de mettre à la fin des informations qui ne sont pas essentielles, parce qu’on les connaît déjà.
(Patron D)Par exemple, on peut se demander :
On peut tout aussi bien demander :
Ou encore :
Si l’on part du principe que l’essentiel est à la fin, la question porte plutôt sur le dernier élément.
N’oublions pas que la parenthèse haute, située à la fin, ne fait pas partie de l’information de base, son contenu étant connu.
Vous allez devoir apprendre à vos élèves à repérer l’objet de la question. Voici un exemple d’exercice :
Exercice n° 37 : pour les interrogativesLe livre Enseigner la Valence des verbes vient de sortir. il contient le texte complet de la grammaire de ce site et les activités et exercices pour les apprenants.
++ © Christian Meunier ++