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Les bases de la correction phonétique


2.1 Assurer les bases d’une bonne intonation (eGrammaire, p. 28 à 36)

Contrairement à ce que l’on peut lire chez de nombreux auteurs, l’intonation n’est pas un phénomène lié au style. C’est en fait le mode d’emploi de la construction des phrases, qui permet à l’auditeur de décoder les informations contenues dans le texte en assignant aux divers constituants leur fonction. Il est donc indispensable d’en connaître les règles, d’abord pour mieux comprendre, et ensuite pour bien construire ses phrases de façon à être compris.

Avant de se lancer dans la lecture de ce chapitre, il est fortement conseillé d’avoir lu le chapitre de notre eGrammaire, soit sous sa forme imprimée, soit sur le site www.egrammaire.com.

Nous poursuivons plusieurs objectifs :

  • assurer une bonne intonation non marquée de la forme affirmative.
  • entrainer l’apprenant à manier l’intonation de l’interrogative.
  • le familiariser à l’emploi judicieux des parenthèses hautes et basses.
  • le familiariser à l’emploi de l’intonation marquée.
  • rappeler l’influence de l’intonation sur la grammaire


2.1.1 L’intonation de la forme affirmative

Rappelons d’abord les caractéristiques de base de l’intonation du français, c’est-à-dire de l’interaction entre la mélodie (variation de la fréquence des vibrations des cordes vocales), de l’accent tonique (augmentation notable de l’intensité de ces variations), l’allongement de certaines syllabes (augmentation de la durée de ces syllabes).


2.1.2 Quelques rappels importants

La phrase française s’organise en deux groupes phoniques, celui du sujet, et celui du verbe principal.

Ex : La jeune fille vient de la belle ville de Nice.

Le groupe phonique du sujet est « la jeune fille », le groupe du verbe étant « vient de la belle ville de Nice ». Ce groupe phonique est constitué d’un certain nombre de syllabes, la dernière portant le signe de fin du mot phonique.

réfléchissons Ecoutez :

Parenthèse

Ce qui caractérise le mot phonique français, c’est :

  • Que les syllabes qui ne sont pas en dernière position ont à peu près la même longueur, la même hauteur (niveau 2). On peut voir sur l’image ci-dessus que le plus grand nombre des syllabes sont identiques quant à la hauteur (niveau 2), l’intensité (moyenne) et la durée (moyenne). C’est cette uniformité qui fait parler de la « régularité syllabique du français ».
  • La dernière syllabe du mot phonique concentre sur elle la modification des 3 phénomènes : la syllabe change de niveau (3 lorsque le mot phonique est terminé, mais que la phrase continue, 1 lorsque le mot et la phrase sont terminés), elle reçoit un accent tonique (elle est prononcée avec plus d’intensité) et elle est plus longue (une fois et demie) que les syllabes non accentuées.

Ce n’est donc pas le mot le plus important qui est accentué, mais la dernière syllabe du mot phonique.

Cela entraîne un certain nombre de conséquences :

  • Comme le mot important n’est pas accentué, on a tendance, en français, à mettre la nouvelle information à la fin. Nous y reviendrons plus tard.
  • À l’intérieur d’un mot phonique, on n’a pas le droit de s’arrêter, même pas pour respirer, sous peine de détruire la construction et de rendre l’information incompréhensible. On a donc tout intérêt à rester calme, à garder du souffle et de l’énergie pour la dernière syllabe du mot phonique. Voilà pourquoi le français, pour économiser l’énergie et le souffle, et rendre les syllabes uniformes, a recours à certains procédés : liaisons, élision du e muet [ə] (le ➔l’), voire du [a] (la ➔ l’) ou du i (si ➔ s’). Comme le e muet ne peut pas recevoir l’accent tonique (sauf le pronom personnel le (regarde-le), me devient moi (tu me regardes = regarde-moi), te devient toi. Ou encore, dans les conjugaisons, le e muet disparaît, et le e muet [ə] situé dans l’avant-dernière syllabe, et qui doit être accentué, devient [ɛ], ce qui entraîne des problèmes d’orthographe (redoublement de la consonne : nous appelons = j’appelle / utilisation d’un accent : je pèle  nous pelons [pəlõ ➔ pɛl].). Quelquefois, l’orthographe reste, seule la prononciation change (nous interpellons = j’interpelle) [ɛ̃tɛʁpəlõ ➔ ɛ̃tɛʁpɛl].
  • La liaison, en revanche, est interdite d’un mot phonique à l’autre : les enfants aiment le chocolat [lezɑ̃fɑ̃ / ɛmləʃokola] : liaison entre les et enfants, dans le même mot phonique, mais pas entre enfants et aiment, qui sont dans deux mots phoniques différents.
  • Lorsque le sujet est remplacé par un pronom, ce pronom n’a plus droit à un mot phonique. Il est absorbé par le mot suivant : ils aiment le chocolat [ilzɛmləʃokola]

  • Il va donc falloir initier et habituer les apprenants à respecter ces règles :


    2.1.3 Acquérir le rythme régulier

    En répétant la phrase, vous tapez doucement du doigt sur le bord d’une table à chaque syllabe atone, et vous tapez du plat de la main pour marquer la syllabe tonique. Attention de ne pas faire les choses trop vite, mais régulièrement. Vous faites la même chose avec les apprenants, en répétant en chœur, et sur le même rythme.

    intonation

    Les enfants / aiment le chocolat. (2 mots phoniques)

    Ils aiment le chocolat. (1 mot phonique)

    Les petits enfants de la voisine / adorent la télévision. (2 mots phoniques)

    Le matin, / les enfants qui vont à l’école / doivent se lever tôt. (3 mots phoniques : avec complément circonstanciel placé avant le sujet.)

    Les enfants / restent au lit plus longtemps parce qu’on est dimanche. (2 mots phoniques)

    Les enfants / restent au lit plus longtemps / parce qu’on est dimanche. (3 mots phoniques possibles: avec subordonnée circonstancielle placée à la fin.)

    réfléchissons Ecoutez :


    2.1.4 Acquérir l’endurance nécessaire

    Comme des athlètes se préparant au marathon, vos apprenants vont apprendre à gérer leur énergie et leur souffle.

    Vous allez faire le même exercice, en répétant les mots phoniques qui vont devenir de plus en plus longs. Faites bien attention de ne pas respirer avant la fin du mot phonique. Et tenez bien le rythme.

    Ma sœur / vient de Nice.

    Ma petite sœur / revient de Nice.

    Ma petite sœur adorée / revient de Nice en train.

    Ma petite sœur adorée par ses parents / revient de Nice par le train de nuit.

    La cigale ayant chanté tout l’été / se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue. (La Fontaine)

    réfléchissons Ecoutez :

    Il sera nécessaire d’insérer, de temps à autre, une petite séance d’intonation, pour rafraichir les réflexes de vos apprenants.

    Vous trouverez une illustration sonore sur le site eGrammaire.com, au chapitre sur la phonétique corrective.


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